Une si belle rencontre ! Publié le 11 novembre 2013

Journée de la gentillesse

On a trop souvent peur de ce qui est différent. Sans doute car on ne maîtrise pas les codes ou qu’on n’obtient pas les éléments nécessaires a l’analyse de son interlocuteur. On se fige, on se bloque, on refuse de comprendre, et on s’empêche de vivre à 100%. Lorsque j’ai annoncé à mes proches que je partais en Iran, tout le monde m’a regardé avec des gros yeux et m’a dit que j’étais fou, que les « barbus » n’auraient pas la moindre gentillesse à mon égard mais que bien au contraire, ils me feraient passer un séjour difficile : Bullshit ! Je profite cette semaine de la gentillesse pour rétablir une vérité et vous parler d’une des plus belle rencontre de ma vie.

15 h00 : Je décide d’aller visiter la tombe de Hafez, poète le plus célèbre et respecté du pays. Je demande mon chemin à un vieillard assis par terre qui ne comprend pas. Bon. Je le remercie, me retourne et me retrouve nez à nez avec un militaire barbu en uniforme tacheté marron. Ma première réaction fut de flipper a balle et essayer de m’en détacher au plus vite ; faut dire que la réputation des militaires et policiers n’est pas très bonne… Il prend ma carte du Lonely, la retourne dans tous les sens, puis me dit de le suivre. Il insiste. Je le sens pas trop mais j’ai pas vraiment le choix, je m’exécute sans broncher. On marche donc ensemble et on fait connaissance, il a 22 ans. Au coin d’une rue, il m’annonce qu’il va m’accompagner. Il aime marcher me dit-il, Ça tombe bien moi aussi !

 

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Au bout de 20 minutes, nous arrivons à l’embranchement d’une ruelle où il me propose de le suivre. Je ne sais pas trop comment réagir, je ne le connais pas et la ruelle dans laquelle il propose de m’emmener semble désertique. Flippant… J’y vais quand même en restant sur mes gardes. Nous arrivons très vite devant une grosse porte métallique surplombée de fils barbelés. Je flippe à balle et commence à regarder autour de moi en essayant de repérer les lieux au maximum. On dirait une caserne militaire ou quelque chose comme ça ; qui mettrait des fils barbelés sur sa porte sérieux ? Et pourquoi une porte métallique ? Il sonne à l’interphone, j’hésite à partir d’un coup en courant, la porte s’ouvre dans un bruit électrique, il la pousse de la main gauche en me souriant. Mon cœur bat très fort, je sais plus quoi faire, et puis tout d’un coup, j’entends un rire de fillette. Je penche la tête et vois une petite fille dans la cour intérieure de la maison… Ouf ! Ce n’est pas du tout une caserne, mea culpa…
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Il me propose de venir prendre le thé chez lui. J’enlève alors mes chaussures et rentre dans la maison. J’arrive dans un grand salon oriental avec d’épais tapis a même le sol. Agréable de marcher la dessus, on est con avec nos parquets ! Un homme âgé, le père du soldat, vient m’accueillir avec un grand sourire tandis que la fillette fonce à toute vitesse se cacher dans la cuisine. Il me souhaite la bienvenue et me propose de m’assoir dans le salon. Un autre homme, plus jeune, le grand frère du soldat, vient à son tour. Il me serre chaleureusement la main et me demande si j’ai déjeuné tandis que le soldat part se changer La petite qui m’avait rassuré revient avec son voile sur la tête et trois jus d’orange sur un plateau. C’est adorable. C’est maintenant la mère qui vient à son tour et me souhaite bienvenue en me proposant une corbeille de fruits. Je prends une pêche (excellente) et la remercie. Les femmes retournent en cuisine et les trois hommes s’installent au salon avec moi. Nous parlons de l’Iran, de Paris, de musique et des études. J’apprends que mon ami soldat, qui se nomme Vahid n’en est pas un. Il effectue son service militaire qui est d’une durée de 21 mois. Komenei voulait une armée de la jeunesse car 60% de la population locale a moins de 30 ans, ce qui constitue une garnison non négligeable. Au bout de deux heures, je leur annonce que je dois repartir et aller voir le tombeau de Hafez.

 

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On échange nos mails et Facebook, je les remercie et retourne mettre mes chaussures. Vahid revient alors et m’annonce qu’il m’accompagnera en voiture. C’est adorable. Une superbe Peugeot blanche toute neuve dont le modèle date pourtant de 98. Et c’est ainsi que j’ai passé la journée et la soirée avec mon ami apprenti soldat, à parler de tout et de rien, découvrir la ville, visiter le tombeau de Hafez, la porte de la ville, les jardins suspendus, boire un thé sur la place de la révolution, ou encore déguster une glace traditionnelle en haut de la montagne nord. Ce type est formidable, je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi accueillant, gentil, chaleureux, ou généreux!
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Il ne cherchait qu’à partager un moment avec moi, tout simplement. Il m’a présenté à sa famille, m’a fait découvrir sa ville, m’a parlé de sa vie, ses idées, son ambition. En soit, il m’a offert son amitié de la plus belle des manières qui soit. Cette rencontre illustre parfaitement mon voyage pour l’instant. Derrière toute image et en dessous de chaque peur se cache une réalité iranienne qui touche autant quelle choque. Les iraniens sont absolument fabuleux. Ils vous proposent tout le temps de les rejoindre ou de vous inviter, du jamais vu ! S’il y a bien un point commun entre les perses et les arabes c’est la générosité de l’accueil. Honnêtement je me suis trompé à 300% sur ce pays et son peuple et découvert une réalité bien plus touchante que son reflet. Alors soyez gentil et ouvrez-vous aux autres, ça coûte rien et ca fait tellement du bien!
« La gentillesse est la noblesse de l’intelligence. » Jacques Weber.
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